Trout (...) imagina une histoire, qu’il ne devait écrire que lorsqu’il serait devenu un vieil, un très vieil homme. Il s’agissait d’une planète où le langage devenait une pure musique, du fait que les créatures qui l’habitaient étaient extrêmement sensibles à l’harmonie des sons ; les mots y devenaient des notes de musique, et les phrases des mélodies. Tout cela était incapable de servir à la transmission des informations, car personne ne savait plus ou ne se souciait encore de ce que les mots pouvaient signifier.
Ainsi, les dirigeants du pays et les chefs d’entreprises, afin que tout puisse continuer à fonctionner, se trouvaient contraints d’inventer de nouvelles constructions syntaxiques et de nouveaux mots beaucoup plus choquants aux oreilles et moins susceptibles de se transformer en musique.