En guise de présentation


Les Editions Inedits ont pour vocation l'inventaire des ouvrages qui n'existent pas, mais qui pourtant ont ou ont eu une influence sur la littérature. Le "Nécronomicon" bien connu des lecteurs de Lovecraft en est un exemple. "Le roi en jaune" en est un autre, Kilgore Trout est un auteur parfaitement inédiste, et ces pages leur rendent hommage tant que faire se peut....
Par ailleurs, plutôt que se perdre dans les méandres de la virtualité, nous vous proposons ici de découvrir notre activité concrète (littéraire et théâtrale).

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lundi 29 juin 2015

Kilgore Trout : "Le dingue dansant", nouvelle - Inédisme

KILGORE TROUT : "Le dingue dansant" (nouvelle)
COLLECTION KILGORE TROUT n°17

" En ce qui concerne la nouvelle publiée dans Ie magazine « La Jarretière noire », Trout ignorait totalement qu’elle eut été acceptée par l'éditeur. Apparemment, il y avait des années que cette nouvelle avait été acceptée, car le magazine portait la date d'avril 1962. Trout l'avait découvert par hasard, dans une caisse d'invendus, placée prés de l'entrée du magasin. C'était des revues de dessous féminins.
(..)
Quant à l'histoire elle-même, elle s'intitulait : « Le dingue dansant ». Ainsi que tant d’autres histoires contées par Trout, il s’agissait d'un tragique échec de la communication.
C'était l'histoire du passager d'une soucoupe volante, nommé Zog, qui arrivait sur Terre pour expliquer comment éviter les guerres et guérir le cancer. Il arrivait en droite ligne de la planète Margo, planète dont les habitants conversent entre eux par des pets et des danses à claquettes.

Zog toucha terre, de nuit, dans le Connecticut. Il ne s'était pas plutôt posé qu'il vit une maison en flammes. Il se précipita vers la maison, tout pétant et dansant des claquettes, pour avertir les gens qui se trouvaient là du terrible danger qui les menaçait. Le propriétaire de la maison étendit Zog raide mort, d'un coup de club de golf. "

Kurt VONNEGUT, Jr. – Le breakfast du champion (Editions J'ai Lu, pp. 75-77 ; traduction : Guy Durand).


lundi 22 juin 2015

Kilgore Trout : "Maintenant on peut le dire" - Inédisme

KILGORE TROUT : "Maintenant on peut le dire"
COLLECTION KILGORE TROUT N°16

Le livre traitait du thème suivant : la «Vie» constituait une expérience tentée par le Créateur de l'Univers ; celui-ci entendait faire l’essai d'un nouveau type de créature qu'il projetait d'introduire dans son univers. Cette créature était dotée de la capacité de former son propre esprit. Toutes les autres créatures étaient des robots dont le fonctionnement était programmé d’avance. Le livre prenait la forme d'une longue lettre que le Créateur de l'Univers adressait à sa créature expérimentale. Le Créateur adressait ses félicitations à la créature et s'excusait auprès d'elle de tout l’inconfort qu’elle avait dû supporter. Le Créateur l'invitait a un banquet, donné en son honneur à New York, dans l'Empire Room de l'Hôtel Waldorf Astoria, ou un robot noir, du nom de Sammy Davis Jr, devait chanter et danser.
La créature expérimentale n’était pas mise à mort a la fin du banquet ; au contraire, elle était transférée sur une planète vierge. Des cellules vivantes étaient détachées de la paume de ses mains, tandis qu'elle était plongée dans l'inconscience.  L'opération était complètement indolore. Les cellules étaient alors transportées sur la planète vierge, pour y être mêlées a un épais potage marin. Elles évoluaient, au passage des ions énergétiques, en formes vitales plus complexes. Toutes les formes qui apparaissaient quelles qu'elles fussent, étaient douées d’un libre arbitre.
Trout n’avait pas donné de nom particulier à la Créature expérimentale. Il l’avait simplement appelée l’Homme.

Sur la planète vierge, l'homme s'appelait Adam, et la mer s’appelait Eve.
L'Homme allait fréquemment se promener au bord de la mer. Il pataugeait parfois dans son Eve. Il y nageait parfois, mais elle était trop consistante pour permettre une nage vigoureuse. A la suite de ces baignades, son Adam se sentait tout pâteux et ensommeillé, et il allait se plonger dans un torrent glacé qui venait justement de jaillir d'une montagne.
Il poussait un cri strident en plongeant dans l'eau glacée, et il criait de nouveau en reparaissant à la surface pour reprendre sa respiration. Il s'ensanglantait les tibias et riait de ses ecchymoses tout en escaladant des rochers pour sortir de l'eau.
Il suffoquait et riait encore plus fort, et il songeait à quelque chose de vraiment extraordinaire qu’il lui serait possible de crier à voix haute. Le Créateur ne pouvait jamais savoir ce qu’il était susceptible de crier. Le Créateur n'avait sur lui aucun contrôle. C'était à l'Homme de décider lui-même de ce qu’il allait faire l’instant d’après  - et pour quelle raison. Un jour, par exemple, après une plongée, l’Homme se mit à crier : « Du fromage ! »
Une autre fois, il hurla : « Vous n’aimeriez pas plutôt conduire une Buick? »

Le seul autre animal de grande taille qui se trouvait sur la planète vierge était un ange qui, de temps a autre, rendait visite à l'Homme. C'était un messager et un espion du Créateur de l’Univers. Il revêtait la forme d'un ours brun mâle de quatre cents kilos. C'était également un robot. De l’avis de Kilgore Trout, le Créateur était, lui aussi, un robot.
L'ours essayait de trouver une explication à tout ce que faisait l'Homme. Il demandait, par exemple : « Pourquoi as-tu crié : Du fromage ! »?
Et l'Homme de lui répondre en se moquant de lui : « Parce que j'en avais envie, espèce de machine idiote! »
(…)

Le livre enseignait que, sur la planète vierge, l’Homme nagerait dans l'eau froide, et que chaque fois qu'il émergerait de ces eaux glacées, il lui faudrait crier quelque chose de surprenant. C'était un jeu. Le Créateur de l'Univers essayait de deviner ce que l’Homme crierait jour après jour. Et, a chaque fois, l’Homme le décevait abominablement.
(…)

Le livre de Trout n'affirmait-il pas que l’Homme avait déjà été tué vingt-trois fois ; et, à chacune de ces occasions, le Créateur de l'Univers avait réparé les dommages, et l'avait remis en route.
(…)

Voici à quoi ressemblait la pierre tombale de l'Homme, sur la planète vierge, à la fin de l'ouvrage de Kilgore Trout :


LE CREATEUR
DE L’UNIVERS
NE SAVAIT PAS LUI-MÊME
QUELLE POUVAIT ETRE
LA PROCHAINE PAROLE
DE L'HOMME.
L’HOMME ETAIT PEUT-ETRE
DANS SON ENFANCE
UN MONDE MEILLEUR.

(…)
«  Cher Monsieur -- bon monsieur, pauvre monsieur - vous êtes le sujet d’une expérience tentée par le Créateur de l'Univers. Vous êtes la seule personne au monde qui soit douée du libre arbitre. Vous êtes la seule qui sache qu'elle peut choisir ce qu'elle fera l'instant d'après - et pourquoi. Les autres ne sont que machines et robots.

Il y a autour de vous des personnes qui paraissent vous aimer et d’autres qui paraissent vous haïr, et vous vous demandez pourquoi. Ce sont simplement des machines aimantes et des machines haïssantes.

Vous êtes démoralisé, comment ne le seriez-vous pas ? C'est évidemment une chose éreintante que d'avoir sans cesse a raisonner dans un univers qui n’a jamais été fait pour être raisonnable. »

« Vous êtes environné de machines aimantes, de machines haïssantes, de machines cupides, de machines généreuses, de machines courageuses, de machines peureuses, de machines solennelles. Leur seul but est de vous exciter et de vous émouvoir de toutes les façons imaginables, afin que le Créateur de l’Univers puisse observer vos réactions. Ces machines ne sont pas plus capables de sentir ou de raisonner que les bonnes vieilles montres de l’ancien temps,
Le Créateur de l'Univers désire vous faire des excuses, non seulement pour le parcours capricieux qu’il vous a imposé au cours de l'expérience, mais encore pour la puanteur et les ordures de la planète elle-même qu’il vous incombait d'habiter. Le Créateur avait prévu que des robots allaient abuser d'elle pendant des millions d'années, de sorte qu`au moment de votre arrivée elle ressemblerait fort a un fromage puant et infesté de vers. Il avait prévu également qu'elle allait être encombrée de robots qui s'efforceraient désespérément, quels que soient leur état et leur condition, d’avoir entre eux des rapports sexuels, et, peut-être plus que tout encore, d'adorer les enfants. »
« Il a également mis au point des robots qui peuvent écrire a votre place des livres, et des articles de revues et de radio, des pièces de théâtre et des films, quand ils n'écriraient pas tout simplement des chansons. Le Créateur de l'Univers leur a fait inventer des centaines de religions, afin que vous puissiez choisir parmi elles en toute liberté. Il les a fait s'entre-tuer par millions, uniquement pour que vous en soyez frappé de stupeur. Ils ont commis les pires atrocités et les plus extraordinaires bonnes actions, sans y songer, automatiquement, inévitablement, uniquement pour provoquer quelque réaction en V-O-U-S. »
Ce dernier mot était imprimé en très gros caractères, sur toute la largeur d'une ligne, de sorte qu'il apparaissait ainsi :



« Chaque fois que vous entrez dans une bibliothèque, le Créateur de l’Univers retient son souffle. Face à une pareille pagaille culturelle, étalée en vrac, vous et votre magnifique liberté, qu'est-ce que vous allez donc choisir ? `

Vos parents étaient des machines combattantes et des machines qui s'apitoyaient sur leur sort. Votre mère avait été programmée pour reprocher sans cesse a votre père d'être une machine à sous détraquée, et votre père avait été programme pour reprocher à sa femme d’être une machine ménagère hors d'état de fonctionner. Ils avaient été programmés tous deux pour s’accuser réciproquement d’être des machines a faire l'amour défectueuses.

De plus votre père avait été programmé pour quitter la maison en claquant la porte, ce qui, automatiquement, transformait votre mère en machine larmoyante. Et votre père allait s'attabler dans un bistrot, pour s'y saouler en compagnie d'autres machines biberonnantes ; ensuite, toutes les machines titubantes s’en allaient ensemble au bordel afin d'y louer des machines à baiser. Ensuite, votre père retournait péniblement à la maison, pour se transformer en pitoyable machine à excuses. Et votre mère mettait beaucoup trop longtemps à devenir une machine pardonnante. »

Kurt VONNEGUT, Jr. – Le breakfast du champion (Editions J'ai Lu ; traduction : Guy Durand).


samedi 20 juin 2015

La minute du Docteur Schweitzer

Pour peu que vous ayez besoin d'une petite fiche de lecture détaillée du "Roi en jaune" sans vous gâcher le plaisir de le découvrir vous-même, je vous conseille la lecture de ce bon petit article signé Sophie Schweitzer à CET ENDROIT-CI DU WAIBE.
Bien qu'il "taggue" Carcosa avec deux "s", le site "Sueurs froides" est richement documenté et l'ensemble, tel que j'ai pu sommairement en juger, reste bien écrit.

PS du 20 avril 2017, alors qu'un astéroïde "frôle" notre fragile planète :
Je viens de parcourir d'autres "notes de lecture" généreuses et assez complètes ICI, sur le site de BePolar, toute l'actu du polar.
Les commentaires ouvrent souvent sur d'autres billets de blogueurs. La chose mérite d'être ici répertoriée.

jeudi 11 juin 2015

Une émission de radio sur "Le roi en jaune" - Divergence FM



Le dimanche 26 Avril 2015, dans la très cultivée émission de radio "Claire Obscure" diffusée sur Divergence FM, nous avons pu entendre une heure de discussion entre l'animateur Jean Ibanez et son invité quasi permanent Alain Vatier (?) au sujet du "Roi en jaune".

Surfant comme de juste sur la vague de la réédition en Livre de Poche, nos animateurs résument ensemble quelques unes des intrigues de l'ouvrage, avec quelques petites approximations malheureuses - comme leur apparente ignorance de l'édition originale en langue française du "Roi de jaune vêtu" dans la regrettée collection Marabout Fantastique (1976) - mais avec la bonhomie et le sens du détail que l'on retrouve souvent dans cette émission. Ils l'avouent eux-même à l'issue de cette heure, ils auraient pu débattre encore sur le sujet, et l'auditeur aurait sans doute souhaité d'avantage d'analyse. Remercions tout de même nos deux animateurs pour leur enthousiasme. 
L'émission est audible et téléchargeable ICI

A noter : deux émissions au sujet de "True Detective" ont aussi été produites et diffusées dans le même cadre les 05 et 10 mai 2015.

PS du 05 Juilllet 2015 : DIVERGENCE FM se refait en ce moment une beauté. Je vous propose de retrouver cette émission provisoirement ICI.

lundi 8 juin 2015

Dans les bois, la marguerite... - Du 10 au 14 juin 2015 - COMPLET !

La Compagnie Falaises et Plateaux vous présente

dès ce mecredi 10 juin 2015, dans le cadre de notre saison de spectacles issus du travail de nos ateliers de créations théâtrales,

une comédie douce amère sur nos rapports à l'enfance et au temps :


"Dans les bois, la marguerite..."

Création collective
Texte et mise en scène de Marc Dumontier

"Le caractère exceptionnel des événements qui eurent lieu 
à la maison de retraite Sainte-Marguerite ce printemps-là tient en peu de choses : 
une somme colossale d'argent, 
et une jeune femme qui désirait par dessus tout garder sur la vie son regard d'enfant."

Du mercredi 10 au samedi 13 juin 2015 à 20h30
et dimanche 14 juin à 17h 

Au Bahut - 2è étage
Compagnie Falaises et Plateaux

COMPLET !!!!!! 


MERCI à  : Youba, Jeanne A et Jeanne B, MargotCapucine, Camille, Léonor, Isaac, Zacharie, Alice, Mathilde, IdgieJulie, Maxime, Alicia, Laurent, et Simon !!!!


A venir...

Archives photos et vidéos : Thunos, Le talon de fer, Contes, L'innamoramento, Dans les bois la marguerite, Les bijoux de famille, Onde de choc, Metamerica, Le dernier jour de campagne du Général Lu-Ping, Ballet Monstre, Ubu Président, et les inédits La conscience du roi, La bifurcation ...

Kilgore TROUT : hagiographie

Le catalogue enrichi des Editions Inedits

Michel Dimichel travaille "D'arrache-pied"