Merci d'avoir été TRES TRES nombreux
à soutenir UBU PRESIDENT Mardi 08 MAI 2007 à 20h30 Samedi 12 et Dimanche 13 Mai à 17h et 20h30
Une tribune de l'actualité des Editions Inedits, consacrées aux ouvrages qui n'existent pas. Inventaire des informations sur Le Roi en jaune. Publication de l'oeuvre de Kilgore Trout.
CAMILLA : Vous devriez vous démasquer, Monsieur. L’ETRANGER : Vraiment ? CAMILLA : Vraiment, il est bien temps. Nous avons tous ôté nos déguisement, sauf vous. L’ETRANGER : Je ne porte pas de masque. CAMILLA : (Terrifiée, aux côtés de Cassilda) : Pas de masque ? Pas de masque ! (LE ROI EN JAUNE : Acte I scène 2d). (Exergue à la nouvelle Le masque).« Je pensais, aussi, au Roi en Jaune drapé dans les couleurs fantastiques de son manteau déguenillé, et aux pleurs amers de Cassilda, « Pas sur nous, oh Roi, pas sur nous ! ».(Le masque– traduction originale)
Sur la grève se brisent les vagues de nuages, Les soleils jumeaux sombrent derrière le lac, Les ombres s’étirent Dans Carcosa. Etrange est la nuit où de sombres étoiles se lèvent, Où d’étranges lunes tournoient dans les cieux, Mais plus étrange encore est Carcosa la Perdue. Les chants que les Hyades entonneront Où flottent les guenilles du Roi Doivent mourir sans être entendus Dans Carcosa l’Obscure. Chant de mon âme, ma voix est morte, Périt pourtant, étouffée, comme des larmes retenues S’assèchent et meurent dans Carcosa la Perdue.
Chant de Cassilda ; Le Roi en Jaune. Acte 1 scène 2. (Exergue au Signe jaune)
« Haïta se levait avec le soleil, et partait prier au sanctuaire d'Hastur, le dieu des bergers, qui l'entendait et en était satisfait. (…) Exceptée la faveur d'Hastur, qui ne se révéla jamais à lui, la chose qu'Haïta appréciait le plus au monde était l'intérêt amical de ses voisins, les timides immortels des bois et des ruisseaux. (…) Quand les tempêtes hurlaient la fureur d'un dieu offensé, il plaidait alors la cause des gens des villes qui, on le lui avait dit, vivaient dans la plaine au-delà des deux collines bleutées formant la porte de sa vallée. - C'est très aimable à Toi, ô Hastur, priait-il, de me donner des montagnes si près de ma demeure et de mon enclos, pour que mes moutons et moi puissions échapper à la fureur des torrents ; mais Tu dois Toi-même sauver le reste du monde d'une façon que je ne connais point, sinon je ne T'adorerai plus jamais. Et Hastur, sachant que le jeune Haïta ne manquait jamais à sa parole, épargnait les cités et dirigeait les eaux vers la mer. (…) - Il faut, disait-il, que je sache comment et d'où je viens ; car comment accomplir son devoir si l'on ne peut juger de sa nature par la façon dont on le lui a confié ? Quel contentement pourrais-je en retirer si je ne sais combien de temps il durera ? Peut-être serais-je transformé avant le prochain soleil, et alors qu'adviendra-t-il de mes moutons ? Et qu'adviendra-t-il de moi ? Considérant ces choses, Haïta sombra dans la mélancolie et la morosité. Il ne parlait plus gaiement à son troupeau, et ne courait plus avec empressement au sanctuaire d' Hastur. Dans chaque brise, il entendait les murmures de divinités malfaisantes dont il remarquait pour la première fois l'existence. (…) »
« Car il existe différentes sortes de morts... dans certaines, le corps subsiste ; dans d'autres, il s'évanouit entièrement avec l'esprit. Le plus souvent, cela ne survient que dans la solitude (telle est la volonté de Dieu) et, personne n'étant là pour voir sa fin, nous pensons qu'un homme a disparu, ou qu'il est parti pour un long voyage (Voir note 1) ; mais quelquefois cela arrive sous les yeux de nombreuses personnes, comme de multiples témoignages l'attestent. Dans une autre sorte de mort que l'on sait aussi exister, l'esprit meurt alors que le corps reste vigoureux pendant des années. Quelquefois, comme cela a été attesté, l'esprit meurt avec le corps, mais après le passage d'une saison, revient à l'endroit où son corps se décompose. » Réalisant qu’il est un spectre alors même qu’il aperçoit un homme primitif qui n’est pas sans évoquer nos ancêtres préhistoriques, le narrateur laisse à deviner l’ancienneté immémoriale de sa ville natale de Carcosa(d’où l’on pourrait conclure que Hali serait antérieur encore à Carcosa…). « Clairement, j'étais à une distance considérable de la ville où j'habitais... l'ancienne et célèbre cité de Carcosa. (…) Regardant le ciel, je vis soudain, dans une déchirure entre les nuages, Aldebaran et les Hyades ! (…) Et je sus alors que je me trouvais dans les ruines de l'ancienne et célèbre cité de Carcosa. »
« Car de par la mort se forgent métamorphoses plus grandes qu’on ne l’a jusqu’ici montré. Et si, communément, l’âme envolée revient en certaines occasions pour apparaître parfois aux êtres de chair en sa première enveloppe corporelle, il est nonobstant advenu que le corps dépourvu de son âme ait foulé la terre. Et tels qui, ayant rencontré semblables spectres ont survécu pour en parler, attestent qu’ils ne possèdent ni affection du cœur, ni remembrance d’icelle, mais ne connaissent autre sentiment que la haine. Semblablement, il appert que certaines âmes, fort bénignes du vivant du corps, deviennent, de par la mort, toute malignité. »
"(...) les alchimistes et les occultistes considéraient Calide, ou Hali, comme un maître du Savoir, une auctoritas à laquelle on avait recours au nom du principe, typiquement médiéval, qu'il ne faut jamais soutenir quelque chose de nouveau sans le faire apparaître comme déjà dit par quelqu'un qui nous a précédés… Mais ne soyons pas dupes : le savant du Moyen Age sait très bien qu'on peut faire dire ce que l'on veut à l'auctoritas : "L'autorité a un nez en cire qu'on peut déformer comme on veut", dit Alain de Lille au XIIe siècle. En bref, Hali était la personne idéale à qui attribuer des citations ésotériques contrefaites !
Gregory Peck, qu'on avait vu dans "Yellow sky" en 1949, joue ici le rôle de Bierce dans "Old Gringo" (1989). |