COLLECTION KILGORE TROUT N°7
"Il s'agit d'un visiteur étranger à la Terre qui, par parenthèse, a beaucoup d'un Tralfamadorien. Il se livre à une étude serrée de la chrétienté dans le but de découvrir pourquoi les chrétiens se révèlent si facilement cruels. Il conclut qu'une bonne partie du problème tient au bourrage de crâne massif du Nouveau Testament. Selon son optique, le rôle des Evangiles serait d'inculquer aux gens, entre autres choses, une infinie compassion, même envers les plus déshérités.
Mais en fait, le message des Evangiles est celui-ci :
Ce qui accroche dans toutes ces bondieuseries, proclame le voyageur interstellaire, c'est que le Christ, sous son aspect plutôt insignifiant, est en réalité Fils de l'Être suprême. Les lecteurs en sont conscients et quand se place la scène de la crucifixion, ils s'écrient tout naturellement :
L'étranger fait don à la Terre d'un nouvel Evangile. Le Christ y est vraiment un rien du tout et un fichu poison pour beaucoup de gens pourvus d'accointances plus puissantes que les siennes. Il se débrouille cependant pour proférer toutes les merveilleuses paroles pleines de mystère qui figurent aussi dans les anciennes versions.
C'est pourquoi, un beau jour, on s'amuse à le clouer sur une croix qu'on plante en terre. Les tortionnaires sont sûrs que cela ne tirera pas à conséquences. Et le lecteur se doit d'adopter cette vue car le nouvel Evangile lui enfonce dans la tête, de gré ou de force, que Jésus est bien un va-nu-pieds.
Et soudain, au moment où cet obscur est sur le point de mourir, les cieux se déchirent, le tonerre résonne, l'éclair jaillit. La voix de Dieu gronde du haut des nues. Elle annonce à tous qu'il fait son fils de ce bon à rien et lui accorde, à ce jour et dans l'éternité, les pouvoirs et privilèges du Fils du Créateur de l'Univers. Dieu tonne : "Dès cet instant, Ma main s'appesantira sur quiconque s'acharne sur un pauvre mec sans piston !"
Mais en fait, le message des Evangiles est celui-ci :
Avant de tuer qui que ce soit, assurez-vous bien qu'il n'a pas de hautes relations."Extrait :
Ce qui accroche dans toutes ces bondieuseries, proclame le voyageur interstellaire, c'est que le Christ, sous son aspect plutôt insignifiant, est en réalité Fils de l'Être suprême. Les lecteurs en sont conscients et quand se place la scène de la crucifixion, ils s'écrient tout naturellement :
Oh, machin, ce coup-là, ils n'ont pas tiré le bon numéro en lynchant ce type !Ce qui entraîne une pensée concomitante : "Il y a donc des gars bons à lyncher ?" Qui alors ? Ceux qui ne connaissent personne de bien placé.
L'étranger fait don à la Terre d'un nouvel Evangile. Le Christ y est vraiment un rien du tout et un fichu poison pour beaucoup de gens pourvus d'accointances plus puissantes que les siennes. Il se débrouille cependant pour proférer toutes les merveilleuses paroles pleines de mystère qui figurent aussi dans les anciennes versions.
C'est pourquoi, un beau jour, on s'amuse à le clouer sur une croix qu'on plante en terre. Les tortionnaires sont sûrs que cela ne tirera pas à conséquences. Et le lecteur se doit d'adopter cette vue car le nouvel Evangile lui enfonce dans la tête, de gré ou de force, que Jésus est bien un va-nu-pieds.
Et soudain, au moment où cet obscur est sur le point de mourir, les cieux se déchirent, le tonerre résonne, l'éclair jaillit. La voix de Dieu gronde du haut des nues. Elle annonce à tous qu'il fait son fils de ce bon à rien et lui accorde, à ce jour et dans l'éternité, les pouvoirs et privilèges du Fils du Créateur de l'Univers. Dieu tonne : "Dès cet instant, Ma main s'appesantira sur quiconque s'acharne sur un pauvre mec sans piston !"
Kurt VONNEGUT, Jr. – Abattoir 5 (Editions J'ai Lu ; pp. 159-161 ; traduction : Lucienne Lotringer).