Kilgore TROUT : "Neuf êtres ou neuf non-êtres"
COLLECTION KILGORE TROUT N°1
"Un des trucs favoris de Trout est de commencer par décrire une société parfaitement hideuse, celle qui sans doute lui hante l'esprit, pour ensuite, mais vers la fin seulement, proposer des remèdes propres à l'améliorer. Dans Neuf êtres ou neuf non-êtres, il part de l'hypothèse d'une Amérique où presque tout le travail est effectué par des machines et où les seules personnes à pouvoir trouver du boulot doivent avoir au moins deux ou trois doctorat. Y règne aussi de sérieux problèmes de surpopulation.
D'autant que toutes les maladies graves y ont été vaincues. Et que donc, l'on ne peut mourir que de façon volontaire. Ce qui, pour encourager les candidats à la mort, a amené le gouvernement à installer des Cabinets de Consultation Pré-suicidaire à tous les croisements de rue importants. Ils sont équipés d'un toit violet. Ce qui les distingue des restaurants-motels Howard Johnson qui ont un toit orange. Mais comme il les a fait construire tout à côté, c'est quand même pas si bête. Dans les cabinets, il y a de très jolies hôtesses d'accueil, des fauteuils inclinables et de la musiquette pré-enregistrée. On peut choisir entre quatorze façons de se liquider : toutes indolores. Ces cabinets ne chôment guère. D'une part, parce qu'il y a des tas de gens qui se sentent idiots ou inutiles et d'autre part parce que se faire sauter la caisse est ce qu'il faut faire. Surtout s'il on est altruiste et patriote. En plus de ça, tout suicidaire résolu a droit à un repas gratuit au Howard Johnson d'à-côté.
Et ainsi de suite... Trout ne manque pas d'imagination."
Extrait :
"J'irai au Paradis ?
- Bien sûr que oui, répondait l'hôtesse.
- Je verrai Dieu ?
- Mais certainement, mon chou.
Et il repartait :
- Non, mais c'est parce que c'est ça que j'espère. Je voudrais bien lui poser une question à laquelle j'ai jamais pu trouver de réponse ici-bas.
- Ah oui ? qu'elle faisait.
En le ficelant sur son siège.
- Oui, c'est à quoi donc qu'on peut bien servir, nom de Dieu !"
D'autant que toutes les maladies graves y ont été vaincues. Et que donc, l'on ne peut mourir que de façon volontaire. Ce qui, pour encourager les candidats à la mort, a amené le gouvernement à installer des Cabinets de Consultation Pré-suicidaire à tous les croisements de rue importants. Ils sont équipés d'un toit violet. Ce qui les distingue des restaurants-motels Howard Johnson qui ont un toit orange. Mais comme il les a fait construire tout à côté, c'est quand même pas si bête. Dans les cabinets, il y a de très jolies hôtesses d'accueil, des fauteuils inclinables et de la musiquette pré-enregistrée. On peut choisir entre quatorze façons de se liquider : toutes indolores. Ces cabinets ne chôment guère. D'une part, parce qu'il y a des tas de gens qui se sentent idiots ou inutiles et d'autre part parce que se faire sauter la caisse est ce qu'il faut faire. Surtout s'il on est altruiste et patriote. En plus de ça, tout suicidaire résolu a droit à un repas gratuit au Howard Johnson d'à-côté.
Et ainsi de suite... Trout ne manque pas d'imagination."
Extrait :
"J'irai au Paradis ?
- Bien sûr que oui, répondait l'hôtesse.
- Je verrai Dieu ?
- Mais certainement, mon chou.
Et il repartait :
- Non, mais c'est parce que c'est ça que j'espère. Je voudrais bien lui poser une question à laquelle j'ai jamais pu trouver de réponse ici-bas.
- Ah oui ? qu'elle faisait.
En le ficelant sur son siège.
- Oui, c'est à quoi donc qu'on peut bien servir, nom de Dieu !"
Kurt VONNEGUT, Jr. – R COMME ROSEWATER ! (Seuil – Collection Fiction & Cie ; pp. 28-29 ; traduction : Robert M. Pépin).
Vous pouvez retrouver l'intégralité du texte, en version originale, de la nouvelle de Vonnegut ici :
http://www.gutenberg.org/ebooks/21279
et en écouter une lecture ici même.
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